Il provenait d’une vieille famille moldave, documentée depuis le XVI-ème siècle et qui comprenait des personnalités et même des dirigeants entrés dans l’histoire comme fondateurs et par leurs actes de bravoure, comme l’a été Mihaï Racovită. Son père, Gheorghe Racoviţă, connu surtout sous le nom de Gheorghieş, magistrat de profession, a joué un rôle important dans la vie culturelle et intellectuelle de Iasi, étant l’un des fondateurs de la société Junimea. Sa mère, Eufrosina, née Stamatopol, s’est entièrement consacrés aux soins du seul des trois enfants dont elle avait donné la vie, car elle a perdu les deux autres prématurément à cause de certaines graves maladies.
Emil a passé ses premières années dans une atmosphère pleine de chaleur et d’amour, dans le manoir de Şoraneşti, un petit village de la région de Vaslui, où le père avait hérité d’un beau domaine. Il a commencé ses études à Iași comme élève de Ion Creangă, l’homme dont il a hérité la veritable langue moldave, qu’il utilisait jusque dans les discours prononcés dans le cadre protocolaire de l’Académie Roumaine. Il a continué toujours à Iași, d’abord au Lycée National, puis au lycée privé Institutele Unite, où il était le collègue de Sava Atanasiu, Grigore Antipa, Dimitrie Voinov et Nicolae Leon et il a eu comme enseignants, entre autres, l’historien Alexandru D. Xenopol, le chimiste Petre Poni et le géologue Grigore Cobălcescu. Ce dernier a joué un rôle véritablement décisif dans le choix de la voie que son jeune élève embauchera plus tard, car il a su semer dans son esprit l’amour de la nature qui deviendra bientôt une veritable passion.
Se conformant au souhait exprimé par son père, Racoviţă est allé à Paris, en 1886, pour suivre les cours fe la Faculté de Droit. Mais la passion qu’il portait dans son âme parla désormais et, parallèlement, il assiste régulièrement aux conférences que le docteur Léonce Manouvrier tennait à l’École Supérieure d’Anthropologie. Puis, juste après sa licence en droit, il s’inscrit à la Faculté des Sciences de Sorbonne, où il a bénéficié non seulement de la compétence, mais aussi de l’attention de deux zoologistes de renommée: le professeur Henri de Lacaze-Duthiers et le maître de conférences Georges Pruvot. Terminant ses études universitaires en 1891, après avoir obtenu son baccalauréat en sciences, il est resté en France pour préparer le doctorat au Laboratoire Océanologique Arago à Banyuls-sur-Mer, fondation du même Lacaze-Duthiers. Après cinq années de recherche assidue, la thèse qu’il avait élaborée sur le lobe céphalique des annélides polychètes (les vers marins les plus répandus) lui ont valu le titre de docteur en sciences. Et il n’y a aucun doute que le succès qu’il a acquis alors fut aussi le premier pas qu’il fit sur le dur chemin de la reconnaissance scientifique.
Avec cela, le séjour d’Emil Racoviţă en France semblait terminé, parce que l’obligation d’accomplir son service militaire l’a ramené à Iași. Mais pas pour longtemps, car au bout d’un mois seulement, il reçoit de Liège un lettre par laquelle il lui était proposé de participer à une expédition qui allait explorer les côtes de l’Antarctique.
C’était une offre bien trop tentante pour que Racoviţă ne s’engage pas sans hésitation dans le voyage audacieux. Il devint ainsi le naturaliste de l’expédition Antarctique belge, organisé et dirigé par le lieutenant de marine Adrien par Gerlache de Gomery et réalisée à bord du navire Belgica entre 1897 et 1899. Elle fut la première dont l’objectif n’était pas la découverte de terres encore inconnues, mais la réalisation de recherches et observations scientifiques complexes, et aussi la première qui a passé tout l’hiver polaire au milieu de la banquise sud. Pour mener à bien ce programme, 19 personnes sont montées à bord d’un navire qui, mesurrait seulement 32 m de long et 6,5 m de large, C’était vraiment un simple “coquille de noix”, dont la vitalité de laquelle il fallait se fier. Et les risques se sont avérés si grands que deux d’entre eux ont payé avec leur propre vie, l’audace de les affronter. Mais ce qui a conté était le fait que l’éxpédition s’est terminée par un succès retentissant, dans l’acquisition duquel le naturaliste roumain a pleinement contribué. Le norvégien Roald Amundsen, le futur conquérant du pôle Sud et participant à l’expédition belge en tant que premier officier, il déclarera plus tard que Racoviţă était pour tous “un compagnon trés agréable et un explorateur plein de ressources”. En plus, c’est aussi à lui que l’on doit le matériel scientifique exceptionnellement riche recquelli tout au long du voyage, car il revint en Europe avec 1200 pièces zoologiques et 400 pièces botaniques, auxquelles s’ajoutent des observations extrêmment détaillés qu’il a réalisé notamment sur les baleines, Phoques et oiseaux de l’Antarctique.
Rien de plus n’a été demandé pour l’étude approfondie de ce matériel moins de 74 spécialistes, Racoviţă se réservant l’élaboration de quatre papiers. Mais, malheureusement, les innombrables devoirs auxquels vous aurez à les affronter les années suivantes ne lui a permis de terminer qu’un seul seul, celui consacré aux baleines. Aujourd’hui, on sait encore que dans les archives du Musée d’Histoire Naturelle Grigore Antipa de Bucarest il y a un manuscrit de 513 pages, seulement partiellement rédigé sous forme définitive et qui aurait dû constituer un second ouvrage, ayant pour sujet les phoques. Et le fait qu’il n’ait pas vu la lumière de l’impression est d’autant plus regrettable, car le premier a longtemps servi de référence dans la littérature de profil.
Dans une telle situation, il était clair que le seul endroit où il pouvait s’occuper dans des meilleures conditions de ses précieuses collections était le Laboratoire Arago, et le professeur Lacaze-Duthiers l’a accueilli à bras ouverts. Mieux encore, il considérait que son disciple faisait preuve de qualités suffisantes pour faire partie de ceux qu’il pensait être ses successeurs. C’est comme cela que, le 1er novembre 1900, Emil Racoviţă a été nommé directeur adjoint du laboratoire, le poste de directeur étant confié à Georges Pruvot, et l’année suivante, ses deux collaborateurs deviendrons co-directeurs des Archives de Zoologie expérimentale et générale, le magazin spécialisé le plus prestigieux d’Europe, que lui-mme avait fondé en 1872.
C’était de loin l’expression la plus convaincante de la façon dont Racoviţă était qrrivé à s’imposer dans la communauté scientifique française, car c’était le seul cas où des responsabilités aussi importantes revenaient à un étranger qui avait à peine dépassé l’âge de 30 ans. D’un autre coté, les nouvelles attributions vont le solliciter pleinement, car les circonstances ne seront pas trés favorables. Malgré certaines idées plut que beaucoup qu’ils ont aujourd’hui de ce qui se passait, il y a plus d’un siècle, dans un pays considéré à juste titre comme un haut lieu de la culture européenne, l’insuffisance des ressources financières faisait que tout se passait sous le signe d’une économie sévère. Elle est démontrée de manière convaincante par le fait que, pour une assurer le bon fonctionnement du laboratoire et la parution régulière du magazine, Racoviţă a utilisé les ressources financières tirées de l’exploitation du domaine de à Șoranești. Mais les multiples difficultés auxquelles il sera désormais confronté avant qu’ils ne soient loin de le dissuader.
Au cours de l’année 1904, lors d’une des croisières habituelles de recherche que le personnel du laboratoire entreprenait dans le bassin oriental de la Méditerranée, Racoviţă visita la Cueva del Drach, une célèbre grotte de l’île de Majorque. Ici, dans les eaux sombres d’un des grands lacs qui abritent cette cavité, il captura un petit crustacé encore inconnu para science et qu’il décrivit sous le nom de Typhlocirolana moraguesi. C’est la découverte qui marquera le tournant le plus radical de toute sa carrière de naturaliste. Translucide et complètement dépourvu d’yeux, cet animal portait l’empreinte si forte de son adaptation à l’environnement inhabituel qu’offrent les profondeurs souterraines. Racoviţă a immédiatement deviné que l’étude approfondie des créatures qui vivent dans les grottes peut grandement contribuer à démêler canismes compliqués de l’évolution biologique. Et il se consacra à cette étude, abandonnant définitivement ses recherches océanologiques.
Il commença par consulter les ouvrages publiés par divers zoologistes, trouvant non sans surprise qu’ils contenaient une divergence d’opinions aussi prononcée qu’elles ne pouvaient pas servir à créer une image globale de la faune cavernicole. Il devait donc arriver par ses propres moyens à la connaissance du monde souterrain, ce qui impliquait d’explorer un grand nombre de grottes, situées dans des régions géographiques les plus différentes. Mais pour réussir, il avait besoin d’aide, et il a eu la chance de trouver rapidement René Jeannel, un jeune homme et entreprenant médecin licencié aussi en sciences naturelles. À partir de l’été 1905, ils ont commoncé a éxplorer ensemble des grotte s sur les deux versants des Monts Pyrénées et ils l’ont fait avec un tel zèle que Racoviţă a été très tôt en mesure d’ordonner ses idées dans une vision unitaire. Il l’a exposé dans son célèbre son “Essai sur les problèmes biospéologiques”, publié en 1907 et dont Jeannel dira aprés trois décennies que “c’était dès le début et est resté le statut fondamental de la biospéologie”.
Aussi important qu’il s’est avéré être pour l’avenir de la biospéologie, l’Essai ne représentait qu’un commencement dans la conception de son auteur. Comme s’est également passé dans le cas de l’expédition antarctique, pour valorifier le matériel recueilli lors des explorations spéléologiques était nécessaires des zoologistes spécialisés dans la connaissance de divers groupes d’animaux, et leur action devait être subordonnée à un but commun: la reconstitution de l’histoire naturelle du domaine souterrain. En conséquence, Racoviţă a fondé une entreprise scientifique insolite, nommée Biospeologica et q’il a dirigée secondé par Jeannel. Ils seront rejoints par 40 collaborateurs; dont certains étaient disposés à s’aventurer dans les profondeurs des grottes, et qui ont joint leurs efforts pour percer de plus en plus de mystères du monde souterrain, et dont le programme initié par Racoviţă a atteint en 1919 un bilan inéspéré: dans les principales régions karstiques d’Europe et du nord de l’Afrique près de 800 cavités souterraines ont été explorées et 20 000 animaux caverniclols avaient été collectés, et sous le nom générique Biospeologica avaient étés publiés 41 articles scientifiques totalisant 3 400 pages. Et il ne faut pas oublier que, pendant la Première Guerre Mondiale, Racoviţă a arrêté absolument toutes ses recherches, traitant exclusivement la gestion de l’hôpital militaire provisoirement installé au Laboratoire Arago.
Après le rétablissement de la paix, dans la vie d’Emil Racoviţă est survenu un deuxième fait, non moins important que le premier. Au cours de l’été 1919, il a été prié, également par lettre, de venir à Cluj pour soutenir par sa compétence et son préstige l’organisation de la première université roumaine de Transylvanie, nouvellement intégrées aux frontières de la Roumanie. En 1896, on avait parlé de la possibilité d’étudier les êtres vivants des terres antarctiques. Cette fois, il a été appelé à se servir sa patrie et a donné à nouveau son consentement, mais seulement s’il pouvait créer dans le cadre de la nouvelle université un institut de recherche scientifique. Et comment sa condition a été acceptée sans réserve, le 26 avril 1920 fut promulguée la loi qui a confirmé la naissance de l’Institut de Spéléologie de Cluj, le premier dans son genre du monde entier et ayant pour directeur son fondateur lui-même.
Selon Racoviţă, cet institut ne signifiait pas quelque chose de complètement nouveau, mais le cadre officiel dans lequel l’ancienne entreprise Biospeologica fonctionra désormais, ce qui signifiait également le transfert de l’épicentre de la biospéléologie mondiale dans la capitale spirituelle de la Transylvanie . Il était donc naturel pour lui de conserver le rôle de coordinateur que l’entreprise privée avait eu dés le début. Et c’est tout aussi normal que Racoviţă soit venu à Cluj accompagné par René Jeannel, en tant que directeur adjoint de l’Institut de spéléologie, et professeur de spéléologie et de biologie à la Faculté des sciences naturelles. En 1922, aux deux pionniers de la biospéologie se joignera le zoologiste suisse Pierre Alfred Chappuis, à qui reviendra le poste de directeur adjoint. Du personnel scientifique faisait part également les assistants Valeriu Pușcariu, Radu Codreanu et Letiţia Chevereșanu.
Désireux d’entrer dans les grottes des monts Apuseni, Racoviţă a commencé sa campagne biospéologiques au cours de l’été 1921, mais deux ans plus tard, une syncope qu’il a subi dans la grotte Le glacier de Scărişoara l’a forcé à renoncer définitivement à ce genre d’explorations.
En échange, il a dû faire face à une très longue et difficile série de fonctions et tâches, ce qui ne lui laissait que très peu de temps pour les travaux scientifiques. L’année même de son établissement à Cluj, il est devenu membre à part entière de l’Académie roumaine, dont il était membre correspondant depuis 1905 et dont il sera élu président pour trois mandats consécutifs, entre 1926 et 1929. Entre 1922 et 1926, il fut sénateur de la part de l’Université de Cluj, puis son recteur en 1930 et vice-recteur en 1931. En 1920, il fonde la Société des sciences de Cluj, dont il est resté président jusqu’à sa mort. A partir de la même année, il est membre de de l’Association générale des professeurs d’université, remplissant à un moment donné également donné le poste de président de sa section de Cluj. En 1922, il crée l’association culturelle pour la diffusion de la langue et de la culture française, connue surtout sous le nom de “Cercle Ronsard”. Il était membre fondateur et président (1921-1933) de la “Frătia Munteană”, la première Société roumaine de tourisme de Transylvanie. En 1928, il est nommé Président du Premier Congrès des Naturalistes de Roumanie (Cluj, 18-21 avril), qualité dans laquelle il a apporté une contribution décisive pour la législation de la protection de la nature. A partir de 1932, il prend en charge le cours de biologie générale, Jeannel étant rappelé à son tour en France pour organiser le vivarium du Jardin des Plantes et le département d’entomologie du Musée d’Histoire Naturelle de Paris.
Malgré ce lourd tribut payé à la facon consciencieuse par laquelle il tenait à d’acquitter de ses multiples fonctions, Emil Racoviţă es peut-être resté par son travail le biologiste le plus important que la Roumanie ait eu. Au-delà du fait qu’il a entrepris les premières recherches détaillées sur la faune et la flore antarctique et qu’il fut le fondateur incontestable de la biospéléologie comme discipline scientifique, il a eu le mérite d’avoir formulé des principes de valeur indéniable dans les études zoologiques, axés sur l’idée qu’une espèce ne peut être vraiment connue que lorsque est établie non seulement la position systématique et la zone de propagation, mais aussi son entière histoire. De plus, il était le seul biologiste roumain à avoir développé une théorie originale sur l’évolution du monde vivant, théorie sur laquelle il a insisté sur le rôle particulièrement important que joue l’isolement dans l’apparition de nouvelles espèces et qui comprend une nouvelle définition de l’espèce, formulée à partir de 1912: une colonie isolée de consanguins. Il a également souligné l’influence majeure que l’environnement artificiel que l’homme a creé, a fait de celle-ci la seule espèce dont la population mondiale augmente exponentielle, déclenchant des signaux d’alarme répétés sur les dangers qui naissent de la crise écologique déclenchée par l’homme.
La preuve la plus concluante de la manière dont ont été appréciés les fruits de son travail sans fin est la réaction de la communauté scientifique internationalle. Emil Racoviţă était membre à part entière de la Société zoologique de France (1893) et son président d’honneur (1925), membre de la Sociétés géographiques roumaines (1900), membre honoraire de la Société Naturalistes de Roumanie (1900), membre de la Société Géographique de Paris (1900), membre de la Société géologique de France (1901), membre de la Société d’entomologie de France (1906), membre correspondant de la Société Zoologique de Londres (1910), président de la Société Spéléologique de Paris (1910), membre correspondant de la Société des sciences naturelles de Barcelone (1922), membre de l’Institut national d’anthropologie de Paris (1922), docteur honoris causa de l’Université de Lyon (1923), membre de la Société Ethnographie roumaine (1923), membre de la Société de biologie de Paris (1925), membre de la Société roumaine de géologie (1930) et président de de celui-ci (1934), membre correspondant de la Société espagnole d’histoire naturelle de Madrid (1930), membre fondateur de la Société de biogéographie de Paris (1935), membre correspondant de l’Académie de médecine de Paris (1944), membre de la Zoological Society of London (1947).
L’altruisme et le dévouement avec lesquels il s’est engagé dans le développement de la science et culture ont également été récompensés par les autorités de l’État. A l’étranger, il a reçu le titre de Chevalier de l’Ordre de Léopold II de Belgique (1899), ainsi que celui de Chevalier (1922) puis Commandeur (1927) de la Légion de honneurs français. Dans son propre pays, il a reçu plusieurs médailles et décorations, comme l’Étoile de Roumanie (Officier en 1899 et 1922, Grand Officier en 1928 et Grand-Croix en 1942), Bene Meriti (1ère classe en 1900), Couronne de Roumanie (Grand-Croix en 1930), Pour le Mérite (Commandeur en 1931), Mérite Culturel des sciences théoriques et pratiques (Chevalier en 1931, Officier en 1934 et Commandant en 1943), récompense du travail pendant 25 ans au service de l’État (1932), Service Fidèle (Grand Officier en 1939).
Les dernières années de sa vie furent aussi les plus dures. En septembre 1940, La Roumanie a été obligée par le dictat de Vienne de céder à la Hongrie la partie nord de la Transylvanie, qui comprenait Cluj. Dans de telles circonstances, L’Université s’est réfugiée à Sibiu, à l’exception de la Faculté des Sciences, qui na trouvé refuge qu’à Timisoara. Emil Racoviţă est parti, laissant l’Institut de Spéléologie sous la garde de Pierre Alfred Chappuis, avantagé par son statut de citoyen d’un pays neutre. A suivi une période durant laquelle le professeur séptuagénaire a mis toute son énergie pour remettre en fonction la Faculté. Et quand il est revenu à Cluj, il était déjà trop tard pour faire la même chose avec l’institut qu’il avait fondé il y a un quart de siècle. Le 11novembre 1947, il doit être transporté de son bureau diréctement à la clinique, où les efforts des médecins ne pouvaient plus l’aider. Il a été enterré dans le cimetière central de la ville, avec les funérailles nationales organisée par l’Université qu’il avait si généreusement servie.
Le texte actuel est basé sur l’original écrit par Gheorghe Racoviţă (1940-2015, le petit-fils du savant). Traduit par Marie-Jeanne Cacaval (la petite-fille du savant).